Les Bains des Docks.

Mosaïques immaculées, bassin olympique à ciel ouvert et jeux de lumière : la première piscine livrée par le « starchitecte » Jean Nouvel donne une autre saveur... à nos longueurs. 

Ibiza ? Santorin ? Le quartier Art Déco de Miami ? Rien de tout cela, nous sommes... au Havre. Plus précisément aux Bains des Docks, là où se dressaient autrefois les hangars à café le long du bassin Paul Vatine. Depuis 2008, c’est un projet hors normes qui a pris place. Réalisé par Jean Nouvel, architecte de la Philharmonie à Paris et du Louvre d’Abu Dhabi, ce bâtiment aux lignes épurées et tranchantes est inspiré des thermes romains. De l’extérieur, difficile de deviner l’étendue de l’ouvrage derrière ses façades en béton gris anthracite. Le mystère reste entier. 

Même une fois à l’intérieur, le pédiluve laisse croire que nous venons de pénétrer dans une banale piscine municipale, mais très vite, c’est un autre monde qui nous absorbe quand un élément central se dévoile jusqu’à virer à l’obsession : la mosaïque. Elle est au cœur de l’œuvre de l’architecte, avec ses 32 millions de petits carreaux recouvrant les 5 500 m2 du site du sol au plafond. Cette signature graphique, l’architecte l’a même déclinée en une typo malicieusement appelée Caro qu’on peut retrouver sur les casiers et les murs de l’oasis urbain. 

Les 3 000 m2 d’eau sont répartis en dix bassins organisés comme des piscines naturelles creusées dans la masse. Chaque interaction avec l’eau prend une dimension organique. Une cascade sort d’un bloc, des morceaux de plafond de différents niveaux se transforment en nuages, chaque couloir devient un sas ou une coursive vers une nouvelle sensation. Tout le monde y trouve son compte. Vive la relaxation dans les circuits massants de la balnéo. Place aux rires et à l’aventure dans l’espace ludique rempli de cubes en mousse colorée et de bains bouillonnants. Et pour ceux qui souhaitent nager, direction le bassin olympique en plein air sur le toit. Là, la lumière zénithale se faufile à travers les cloisons. Les ombres offrent un nouveau découpage des volumes et le soleil se reflète sur le clapot de l’eau en formant des petits cratères d’or fugaces. Tout autour du bassin, des niches géométriques font office de plages intérieures pour accueillir les sportifs du dimanche, plus à l’aise sur leur serviette que dans le couloir de nage rapide. Et ce, été comme hiver !